30.6.17

Queval-Utu


  Le billet Wow ! m'amenait en mars dernier à commenter le texte de Cyril Epstein, Ecrire en colonne, paru dans le Formules n° 9, entièrement accessible sur le site de la revue, pour le lire en ligne ou télécharger le pdf.
   Après 7 pages de considérations diverses Epstein donne son texte contraint, un carré composé avec les lettres GENIE-OPERA, plus les lettres M et W, pour diverses raisons peu convaincantes. 
  Voici donc le carré, où j'ai coloré 3 colonnes:

G A R E O P E R A
I W A N M A N O N
R O M A N P R I A
A W A G N E R E G
R E N E M A I N R
E I N E R O I M A
R I A G E M I R M
O O N W O M A N M
I O I M P R I M E

  Epstein se contente ensuite de donner sa lecture de cette grille:
Gare opéra iwan. Manon roman pria à Wagner égrène main reine roi, mariage mir. Moon woman M. IO imprime
et une interprétation peu satisfaisante:
Ainsi la France et l'Allemagne se retrouveront à travers les opéras de Wagner et de Massenet (Manon, d'après le roman de l'abbé Prévost).
  Il m'est vite apparu que la grille cachait, conformément au titre du texte, des lectures verticales. Ainsi la dernière colonne livre ANAGRAMME, la première GIRARE ROI, significative puisque le texte serait motivé par une carte postale expédiée par Rémy Roy, un double roi REY ROY après avoir ôté le M pour en faire le centre de la grille.
  J'ai ensuite scruté la colonne centrale OMNNMREOP qui m'est apparue comme l'anagramme de NOM-PRENOM, offrant une indubitable continuité logique.

  Si Cyril contacté a reconnu l'intentionnalité des colonnes 1 et 9, il s'est déclaré stupéfait par la cinquième colonne, non prévue pour être aussi signifiante. Il faut ajouter que la lecture horizontale relie un prénom, Manon, à un nom, Wagner.

  Les billets de mars exploraient d'autres aspects de ce texte, mais voici du neuf. J'ai été conduit récemment à reprendre El Ferrocarril de Santa Fives (2011), "voyage poèmes" de Robert Rapilly construit à partir d'une histoire réelle, la construction à la fin du XIXe par une entreprise de Fives-Lille d'une voie ferrée en Argentine reliant les provinces de Tucumán et de Santa Fe. Robert habite Hellemmes, quartier de Lille jouxtant Fives.

  Cette aventure ferroviaire a donc inspiré à Robert une série de créations, exploitant des contraintes classiques ou de son invention.
  L'un des plus courts poèmes est repris sur le rabat de la couverture. Il s'agit de 90 lettres qui, disposées en rangées de 9 lettres, font apparaître dans la colonne 1 FIVES LILLE et dans la colonne 9 LILLE FIVES (Fives-Lille a été le nom d'une des stations de la ligne argentine, rebaptisée en 1951 Vera y Pintado):

F R E I N A B O L
I L O C O M O T I
V E S E M B A L L
E E S S O L E I L
S E M A P H O R E
L E R A I L D E F
I L E I N F I N I
L E I T M O T I V
L O G O R R H E E
E N T R E P A Y S

  Un vertige m'a saisi en découvrant la colonne centrale, NOMOPINMRE, soit l'anagramme de NOM-PRENOM, plus un I.
  J'imagine qu'il existe fort peu de textes conçus pour faire apparaître des messages en première et dernière colonne, lorsque leurs lettres sont disposées en rangées de 9. L'étiage se réduit encore si le choix se limite aux textes ferroviaires, car Cyril évoque dans le sien les wagons de la Shoah.
  A noter que, si les messages verticaux de Robert concernent la gare argentine Fives-Lille, le premier mot du texte horizontal de Cyril est "gare" (de la Bastille, devenue "opéra", et Fives-Lille est devenue Vera y Pintado, "opéra da Vinty").
  Il va de soi que la colonne centrale de Robert est "encore plus" fortuite que l'autre, car les lettres de la grille de Cyril appartiennent au contingent choisi, AEGINMOPRW, ce qui autorise une approche statistique. En admettant que ces lettres soient équiprobables, un tirage de 9 lettres a environ 1 chance sur 30000 de donner une anagramme de NOM-PRENOM (ou de quelque autre jeu de 9 lettres).
  Je ne vois pas trop comment évaluer la probabilité correspondante dans le poème de Robert, où il n'y a aucune limitation sur les lettres utilisées (19 lettres différentes). Je remarque que la lettre supplémentaire de la 5e colonne, I, est le chiffre latin 1 et la 9e lettre de l'alphabet, alors que le texte de traverse est contraint par ces deux "rails" que sont les colonnes 1 et 9.
  Sans pousser trop avant le calcul, la probabilité d'avoir des anagrammes de NOM-PRENOM dans les colonnes centrales des deux textes serait d'une chance sur pas mal de millions...

  Je remarque encore la possibilité de trouver l'anagramme de VERA Y PINTADO, nouveau NOM de Fives-Lille (c'est le nom d'un politique argentin), dans une chaîne de lettres adjacentes de la grille. J'avais procédé à des lectures similaires sur la grille de Cyril. A noter que cette lecture nécessite des lettres qui n'ont qu'une seule occurrence dans la grille, DPY.

  Robert a donné sur son "blogue" une série de poèmes extraits de El Ferrocarril, avec d'abord Fives-Lille, dont voici la lecture horizontale:
Frein aboli,
locomotives emballées,
soleil, sémaphore...
Le rail défile,
infini leitmotiv,
logorrhée entre pays.
  Si j'ai bien des commentaires à faire sur les pistes ouvertes par ces NOM-PRENOM, je les réserve pour le prochain billet, car il y a d'abord bien des choses à dire sur ce qui m'a conduit au Ferrocarril de l'ami Robert.

  Robert, sous sa casquette Bob d'expert en palindrome, a ponctué l'écriture du précédent billet, dont un des thèmes était encore Roman amor, le palindrome donné pour titre d'un poème de Braffort dédié à l'oulipien Jean Queval.  Lors de l'écriture du billet, le 20 mai, j'ai reçu un message de la liste Oulipo, c'était une série de palindromes sur les noms de 5 oulipiens, dont Queval, ceci alors que j'écrivais un passage sur ANA MOR lu dans Raban Maur (dont les deux dernières figures des Louanges de la Sainte Croix contiennent aussi des palindromes).
  Robert Rapilly a mis quelques jours plus tard sur son blog ces palindromes, plus une variante sur Le Tellier qu'il a publiée sur la liste le 26 mai à 10:20, au moment où j'achevais le billet.
  Je venais d'évoquer le polar islandais Mörk, où les 40 chapitres de l'enquête sont entrecoupés de 25 extraits d'un vieux journal tenu par l'un des protagonistes de l'affaire, mais on n'apprend son identité, inattendue et décisive, qu'à la fin du roman.
  40/25 = 8/5, Fibonacci, et je comparais cet équilibre involontaire à une autre harmonie fibonaccienne rencontrée dans l'enquête de Carl Mørck publiée en France en 2016, Promesse, répartie en 55 éléments (prologue, 53 chapitres, épilogue). Le temps permet aussi de répartir ces 55 éléments en 34+21, et les 34 premiers en 21, l'enquête de Mørck, et 13, ce qui s'est passé précédemment dans la communauté du gourou Atu Abanshamash (gardien de la pierre du soleil).
  J'avais rapproché ces répartitions d'éléments de nature différente avec deux romans ou parties de romans offrant des alternances menant à des possibilités d'architecture dorée, d'abord Hasard, de Le Clézio, où ce sont les chapitres titrés et non-titrés qui semblent dessiner les équilibres dorés des 6 faces du dé, (az-zahr en arabe)...
  Il y a aussi les deux premières parties des Derniers jours de Paris, de NEO, la première en 34 chapitres numérotés où la narration suit Sylvain, entrecoupés de 21 sections du récit de Trinité à la première personne; le seconde partie réunit Sylvain et Trinité pour 34 autres chapitres.

  Ceci était très proche de la fin du billet, que j'ai publié le 26 mai vers 11h. J'ai ensuite consulté mes mèls, et vu le palindrome de Bob sur Le Tellier, en 44 signes et de gématrie 444. Il l'avait intitulé HLT4, car le Gématron donne pour valeur 44 à ces 4 signes.
  Alors que je venais d'évoquer l'harmonie 34-21-34 de NEO, un cas pour moi emblématique de la Baleine d'or est celui de Le Tellier, auteur de La disparition de Perek, n° 89 dans la collection Baleine, 55e Poulpe (avec donc alors 34 non-Poulpe dans la collection).
  J'avais remarqué ses initiales H-L-T, soit 8+12=20, suite 4-Fibo qui se poursuit par 32 (BLANC, mais sa Disparition de Perek a aussi 32 sections) puis 52 (JUNG), 84 (HAEMMERLI)... Les 20 chapitres de Hasard cité supra se répartissent en 12 titrés et 8 non-titrés.
  Je remarque de plus que 4-H-L-T correspondrait à 4-8-12-20, les 4 termes de la suite 4-Fibo qui correspondent à des rangs dans l'alphabet.

  J'ai donc ajouté ceci à la fin du billet, et j'ai signalé à Bob les parallèles entre ses palindromes et mon écriture. Il m'a répondu qu'il lirait mon billet.
  Lorsque Bob a publié sur la liste le message intitulé Utu, le 2 juin à 12:46, palindrome reliant le dieu-soleil mésopotamien au maire de Dijon François Rebsamen, j'ai pensé que c'était mon billet qui l'avait inspiré, avec le gourou Atu Abanshamash, puisque Utu est l'équivalent sumérien de l'akkadien Shamash, et Bob donnait le lien Shamash dans son message, dont voici l'intégrale:
Utu, grand dieu soleil en Mésopotamie
est garant de justice, il tient pour ennemie
la nuit de turpitude où l’âme se corrompt.
Depuis quatre mille ans, se mirait à son front
le chatoiement d’un foie apprêté de moutarde.
Ce matin décrypté, l’haruspice nous tarde !
Sur bas-relief pieux doré de badigeon,
un phylactère dit : « L’échevin de Dijon
ne mentira jamais ; pour preuve le bonhomme
répète ma dictée en code palindrome. »

=> En Rebsamen Utu tu ne m’as berné.
---
Lien à Utu :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Shamash
Lien à Rebsamen
http://www.bienpublic.com/edition-dijon-ville/2017/06/02/moralisation-de-la-vie-politique-francois-rebsamen-recu-par-le-garde-des-sceaux

  Bob en a donné une version étendue sur son blogue, le lendemain. Je lui ai tout de même demandé par acquit de conscience si son Utu-Shamash était inspiré par mon billet, eh bien non, il ne l'avait pas encore lu...
   J'avais d'abord pensé que le gourou de Adler-Olsen était Utu Abanshamash, non, c'est Atu, mais le lexique akkadien semble montrer que ces noms pourraient être équivalents, utû étant la forme ougaritique de l'akkadien atû (mais tout avis d'experts en babils mésopotamiens est bienvenu).
  J'avais aussi oublié avoir mentionné Amar Utu, "taureau du soleil", dans le billet Wow !, à propos de la grille de Cyril.

  Lorsque Bob a dénié avoir trouvé son Utu-Shamash chez moi, j'ai lancé une recherche "Utu" pour voir, et appris que les premières réponses concernaient un film de 1983 de Geoff Murphy, récemment ressorti dans les salles françaises, et un roman de 2004 de Caryl Férey.
  Les deux oeuvres se passent en Nouvelle-Zélande, où le mot utu signifie "vengeance" en maori.

  Le nom de Caryl Férey m'a éclairé l'an dernier, alors que j'explorais la collection Rail Noir, et plus particulièrement son premier titre, Un assassin peut en cacher un autre, d'Olivier Micha, dont la plus grande énigme semble être la signification du sigle de l'usine GMA & FAF, révélée dans les dernières lignes du livre,
or la gématrie livre GMA/FAF = 21/13, le couple Fibo qui m'obsède, et les noms complets un autre jeu fibonaccien détaillé ici.

  Il m'était apparu que GMA pouvait faire allusion à la lettre grecque gamma, et FAF à la lettre hébraïque waw, devenue ensuite le digamma grec, certains "fafs" se réclamant par ailleurs de la croix "gammée".
  Ces lettres sont devenues les C et F de notre alphabet, mais je n'ai guère su qu'en faire jusqu'à la vision du nom Férey Caryl, qui m'a évoqué l'espagnol Ferro Carril, Chemin de Fer... D'où le mystère GMA & FAF aurait été bien venu pour inaugurer une collection éditée par La Vie du Rail.

  Aujourd'hui, je me demande si cette identification ne devait pas quelque chose au Ferrocarril de Robert, car l'espagnol ne m'est pas familier. J'ignorais alors que Férey ait eu un prix SNCF, prix qui ne récompense en rien un quelconque contenu ferroviaire, et les seuls rails rencontrés dans Utu sont de dope.
  On a donc :
- Férey, Caryl, auteur de Utu (roman, 2004), prix polar SNCF
- Rapilly, Robert, auteur de El Ferrocarril (2011), et de Utu (palindrome, 2017)

  Pas au bout des surprises (ou d'utunnel). J'ai lu Utu qui ne m'emballe guère, archiviolent, mais je remarque sa structure, en 3 parties dont les chapitres sont numérotés 0 à 8, puis 1 à 10, enfin 1 à 15. Le chapitre 0 a une certaine particularité, car il se passe en Australie, où un flic d'Auckland vient chercher le héros, Paul Osborne, pour lui demander de venir enquêter en Nouvelle-Zélande.
  Les chapitres 0 sont plutôt rares, et le premier autre exemple qui me vienne à l'esprit est précisément Un assassin peut en cacher un autre, n° 1 de la collection Rail Noir, avec son énigme GMA & FAF à laquelle le nom "Caryl Férey" m'a apporté une nouvelle clarté, fortuite probablement.
  Or le roman de Micha a 21 chapitres, et celui de Férey 34, ainsi les deux seuls romans débutant par un chapitre 0 me venant à l'esprit ont tous deux des nombres de chapitres fibonacciens, sans que je relève dans l'un ou l'autre de nette césure à l'un ou l'autre point sensible.
  C'est une bizarrerie du Rail Noir n° 13, Deuils de miel, qui m'a conduit à scruter les 25 volumes de la collection. Le roman de Thilliez s'achève sur un chapitre 34, mais le chapitre 30 est passé à l'as... Il a néanmoins plusieurs particularités fibonacciennes. Ceci a rebondi l'an dernier avec la parution de REVER, du même Thilliez, qui s'achève sur un chapitre 89, encore Fibonacci, mais il y manque, intentionnellement cette fois, un chapitre (le 57).


  Bref mon exploration Rail Noir s'est poursuivie par les numéros 21 et 1, avec de nouvelles surprises, le n° 21 s'achève sur un chapitre XXVI, mais il en a 27 car il y a deux chapitres VI, et le n° 1 s'achève sur un chapitre 20, mais il en a 21 du fait du chapitre 0.

  J'étais d'abord peu chaud pour lire Utu, mais une autre erreur éditoriale m'y a conduit. Constatant que son numéro dans la collection Folio policier est 500, j'ai été voir ce qui se passait pour la suite d'or 309-500-809, moitiés des plus évocateurs 618-1000-1618.
  Le n° 309 m'a aussitôt frappé, La lune d'Omaha, de Jean Amila. Ce doit être le premier Amila que j'aie lu, il y a bien longtemps. Toujours est-il que j'ai homologué les périodes clés des événements jungiens de 44, 53 jours du 11 février au 4/4/44, 87 jours du 4/4/44 au 30 juin, aux gématries 53 et 87 des mots hébreux hama, "soleil", et levana, "lune". J'y reviendrai, mais dans un premier temps, ce couple doré 309-500 "lune-utu" m'a ravi, en prenant utu dans son sens sumérien de "soleil". 53-87 est aussi un couple doré. Il n'est pas non plus indifférent que le titre d'Amila fasse référence au Débarquement de 44.
  Surprise au n° 809, car il y en a deux... C'est la première erreur de ce type dans la collection, laquelle a tôt attiré mon attention par des titres présents dans le catalogue mais jamais parus, ou plus tard sous d'autres numéros. Un titre figurait notamment à deux reprises sur plusieurs catalogues en fin de volume, La Marie du port de Simenon, n° 134 non paru, et La Marie du Port, n° 167 effectivement paru. Le fait que les lettres composant ce titre AEIOUDLMPRT aient la valeur 134, se répartissant en AEIOU/DLMPRT = 51/83 doré, a joué un rôle essentiel dans mon analyse d'Alphabets de Perec.

  Il me fallait le voir de mes yeux, et voici :

  Ce double 809 m'est encore extrêmement évocateur. Le premier élément déterminant dans ma découverte du 8 septembre 2008 (08/09) a été la lecture le 2 août des Silences de Dieu, où Sinoué a imaginé l'énigme du "jumeau 0,809"; la solution est la "divine proportion", 1,618, qui se partage en deux moitiés entre les frères ennemis Dieu et Diable.
  C'est un peu simpliste, mais ceci m'avait conduit à lire d'autres Sinoué, et à découvrir son roman jungien Des jours et des nuits, décisif.

  J'avais d'abord lu un Sinoué en ma possession, Le Livre de saphir, sans rien y repérer de spécial, mais une relecture en 2015 a été si riche que j'y ai consacré un premier billet, puis un second où j'étudiais une curiosité de la première édition, dont le code ISBN est  9782207240809, alors que celui de sa traduction anglaise, 9780967698809, se termine aussi par les chiffres 809.


  Qu'en est-il des deux Folios 809? J'ai lu il y a longtemps Chacal de Forsyth, et vu ses deux adaptations ciné. Il est paru en juin 2016, tandis que Séquelles de l'australien Peter Temple est paru en août. Son 809 ne remplace pas un numéro inexistant dans la collection, comme c'était le cas pour les erreurs de ce type dans la collection rivages/noir, et en fait c'est plutôt Chacal qui semble mal numéroté, car il fait partie de la fournée parue officiellement le 16 juin, avec les numéros 803-804-805. Tiens, le n° 803 est Villa Vortex, où il est question de la théorie de Jean-Claude Perez sur les harmonies dorées dans l'ADN (c'est une autre mention de ces recherches dans GATACA qui m'avait conduit à lire tous les Thilliez).

  Quant aux contenus des deux 809, je n'ai pour l'instant pas grand-chose à en dire, m'étant contenté de survoler Chacal, déjà connu, et Séquelles, qui semble une histoire assez banale de vengeance après un inceste. Je remarque que, sur la couverture comme sur le dos, nom de l'auteur et titre (et numéro 809) sont pour l'un en blanc sur fond sombre, pour l'autre en noir sur fond clair. Après l'éventuel couple lune-soleil des Folios 309-500, le couple Dieu-Diable des deux 0,809 selon Sinoué, c'est donc un autre couple classique d'opposés-complémentaires qui est convoqué, blanc-noir.

  Je reviens au début de juin, alors que je n'avais pas encore vu les curiosités liées au numéro de Utu en Folio policier, et n'avais guère envie de le lire. Le 7 juin, je suis allé à la médiathèque de Gréoux, où je suis nouvellement inscrit. J'étais resté longtemps fidèle à la médiathèque de Digne, mais j'ai de moins en moins l'occasion d'y aller maintenant que notre maison de Mézel est vendue.
  Bref ce 7 juin un nombre scintille pour moi parmi les rayonnages, 4444, numéro en 10-18 d'un roman islandais, Le cheval soleil, dont la première parution date d'octobre 2008, le mois suivant mon intuition sur le 4/4/44 (et l'auteure est née le mois suivant ma naissance).
  J'ai mis près de trois semaines pour en venir à bout, bien qu'il ne soit guère épais. C'est le second roman islandais que j'ai lu en entier, après Mörk signalé plus haut pour sa possible harmonie dorée.
  C'est l'histoire d'une infirmière de 43 ans, Lilla, dite Lí, à qui une épicière a dit dans sa jeunesse qu'elle n'avait rien d'un cheval soleil. Lí n'a pas compris ce que ça voulait dire et n'a jamais osé demander. A la fin du roman, alors qu'elle agonise dans sa voiture après un accident, elle songe qu'elle ne pourra avoir pour épitaphe
ICI NE REPOSE AUCUN CHEVAL SOLEIL

  Le principal écho a d'abord été pour moi ce titre associé au nombre 4444, alors que les récents palindromes de Bob étaient encore au premier plan de mes préoccupations, celui sur Queval qui est une vieille forme de "cheval", et celui sur Utu, "soleil" de Sumer.
  Entre les deux il y avait le palindrome sur Le Tellier de valeur 444, alors que mes billets de mai avaient au premier plan les mots grecs d'indices 444 et 4444 dans le lexique Strong, anthropos, "homme", et purgos, "tour".

  Ensuite il y a la gématrie, avec
QUEVAL UTU = 78 + 62 = 140, et
LE CHEVAL SOLEIL = 17 + 51 + 72 = 140
  140 se répartit selon le nombre d'or en 53 et 87, qui sont comme vu plus haut les valeurs des mots hébreux "soleil" et "lune".
  140 est encore la section d'or entière de 226, la taille en cm de l'outil Modulor. J'ai conté dans le précédent billet, 226e de Quaternité, comment j'en suis venu à lui donner le titre Des lions jusqu'en bas, de valeur 226. Le titre de ce 227e billet s'est imposé.

  Le mot SOLEIL apparaît dans la grille de Robert, et la lune est présente dans celle de Cyril avec MOON WOMAN. 

  Le cheval soleil est divisé en 13 sections non numérotées, et il conte l'histoire de Lí, qui dans notre alphabet aurait pour valeur 21 (j'ignore s'il existe une gématrie spécialement adaptée à l'islandais).
  Lí, sur le point de mourir, se demande si elle va connaître le fameux tunnel de lumière. Son travail d'infirmière l'a habituée à la mort, elle a travaillé au Rigshospitalitet de Copenhague, où s'achève Le dernier homme bon, où l'héroïne Hannah y a connu une NDE dans une salle de réanimation équipée pour vérifier les sorties du corps; j'y ai vu une harmonie 21/13, et dans le second roman des danois Kazinski, Le sommeil et la mort, il est aussi question des expérienceurs de NDE, traqués par un tueur nommé Adam Bergman, un nom qui a particulièrement retenu mon attention dans les deux précédents billets.

  Curiosité : la requête Le cheval soleil donne en ce jour (28/6) le roman islandais en pole position, puis le site chevalsoleil, de l'association Cheval et Soleil qui organise des balades équestres dans mon département, le 04.

  Il me reste comme souvent quelques points difficiles à caser dans mes tentatives de présentation rationnelle (du moins autant que possible).
  Je m'étais borné aux numéros 309-500-809 de Folio policier. La suite d'or débute par 1-5-6-11-17-28-45-73-118-191, où je remarque 118, numéro annoncé au catalogue de la collection pour Heures fatales, de Ruth Rendell et Helen Simpson, mais le volume n'est jamais paru, ni sous ce numéro ni sous un autre. Il n'y a qu'un seul autre cas similaire, le n° 319 annoncé pour Les cordons du poêle, de Donald Westlake.

  118 a déjà attiré mon attention car c'est la valeur de DEUILS DE MIEL, le roman en 33 ou 34 chapitres qui m'a fait lire toute la collection Rail Noir. J'ai découvert ceci en même temps que deux autres romans en 34 chapitres offrant de nettes répartitions 21-13, et je leur ai consacré les billets 189-190-191 de Quaternité, sans calcul délibéré.
  J'ai évoqué plus haut le billet 191, Black & white, consacré au Livre de saphir de Sinoué. La mention de la 13e partie du match Fischer-Spassky de 1972 dans les Silences de Dieu m'a conduit à y étudier ce match achevé à la 21e partie, avec d'autres points dorés. Ceci m'a aussi conduit à tenter de lire mon premier roman islandais l'an dernier, Le duel d'Arnaldur Indriðason que se déroule au moment du match, mais je me suis vite lassé.

  118 est aussi la valeur de
CARYL FEREY = 59+59, et de
DOUBLE, DOUBLE = 59+59, titre du Queen de 1950 maintes fois commenté pour sa saturation quaternitaire, et que j'ai remarqué récemment être paru alors que Dannay était âgé de 44 ans.
  Tiens, Férey est né un 1er juin (1967), et divers éléments m'ont conduit à faire du 1/6 le Jour des Queen (par opposition au 6/1, la Nuit des Rois), jour de naissance moyen des cousins Queen (nés le 11/1 et le 20/10 1905).

  Je note aussi que la première incursion de Férey dans la grande édition a été chez Baleine, avec le premier volume de sa saga maorie, Haka (dont Utu est la suite, d'abord publiée en Série Noire). La collection Baleine est riche en coïncidences dorées, dont celle sur Le Tellier mentionnée plus haut, mais le n° 142 de Haka n'apparaît pas dans une zone sensible.

  La dernière partie de Utu a pour titre Le gardien des os, ce qui me rappelle que l'akkadien atu, "gardien", a pour équivalent ougaritque utu.
  Le personnage Atu Abanshamash de Promesse me rappelle encore que le soleil akkadien, shamash, a un équivalent hébreu, shemesh, s'écrivant avec les seules consonnes SMS. C'est un palindrome, comme utu.
  Comme les lettres MS ont les rangs 13-21 dans l'alphabet hébreu, à S-M-S  correspond 21-13-21, représentant exactement la structure vue dans les 55 éléments du roman d'Adler-Olsen.
  Je pense encore à l'hébreu shem, "nom", SM, avec un écho aux NOM-PRENOM des textes de Cyril et Robert.

  Le rappel des deux numéros attribués à La Marie du Port en Folio policier, 134 et 167, m'a conduit à les additionner, ce que j'avais probablement déjà fait, mais la somme 301 m'est devenue récemment significative, avec surtout le couple doré 186-301, correspondant aux valeurs des mots grecs kranion, "crâne", et Golgotha, transcription grecque de l'araméen gulgulta, "crâne". Ce sont encore les valeurs de deux titres de romans étudiés ici: Ligne de partage des os, et The Lion of Boaz-Jachin and Jachin-Boaz (Boaz et Jachin étant les noms des colonnes du Temple de Salomon, je repense aux écritures en colonne de Cyril et Robert.)

  Ma curiosité m'a conduit à examiner le catalogue Folio policier, où le n° 301 est Vengeance, de Dan Simmons, "vengeance" qui est utu en maori...
  Quant au n° 186, c'est Les Guerriers de l'enfer, de Robert Stone. J'ai lu jadis ces deux polars, et n'en ai pas de souvenir positif. Je remarque que stone, c'est "pierre", et que Simmons dérive de l'hébreu Shimeon, SMOWN, qui débute par les lettres SM, comme SMS, "soleil". Nous ne sommes pas loin de abanshamash, "pierre du soleil".
  Et le n° 487 ?, 186+301, qui m'a aussi récemment retenu pour les 487 lettres d'un sonnet recelant un message en acrostiche, en colonne, dans un texte relatant le vol du crâne de Rimbaud; c'est Si Dieu dort, de John Clanchy et Mark Henshaw. Je ne connais pas, mais si Dieu dort, l'Enfer des guerriers de Stone peut se réveiller...

  Le 7 juin où j'ai découvert Le cheval soleil à Gréoux, j'ai aussi emprunté trois Obs, pour les mots croisés de Jacques Drillon que je fais régulièrement, un summum dans cet art, témoin cette grille 10x10 publiée dans le n° 2110, avec seulement 5 cases noires.
  J'ai pris les plus vieux numéros en rayon, à partir du 2734 du 30 mars, mais une fois à la maison j'ai appris que, suite à un différend, Drillon avait cessé sa collaboration avec l'Obs à partir du n° 2731...
  Dans le n° 2734, la rubrique Cinéma faisait l'éloge du film Utu, à l'occasion de sa ressortie en salles.

  Le mot maori utu ne se limite pas à l'acception "vengeance"; il semble d'abord lié aux concepts de rachat, de réciprocité (idéalement pour un palindrome), et c'est très proche de l'hébreu ga'al. Je pense aux noms des victimes de La mort et la boussole, la nouvelle de l'argentin Borges, lequel a peut-être pris le ferrocarril de Santa Fe. Les victimes (présumées ou réelles) du vengeur Red Scharlach sont Marcelo Yarmolinsky, Gryphius, Daniel Azevedo, Erik Lönnrot, dont les noms forment l'acrostiche YGAL, transcription du mot hébreu igal, "il rachète", "il venge".
  Les noms-prénoms forment l'acrostiches MYGDAEL, évoquant fortement l'hébreu migdal, "tour", le nom Borges étant lui-même apparenté à la racine bhereg à l'origine du grec purgos.

  Je me souviens de l'oulipien Ian Monk ayant présenté aux Jeudis de l'Oulipo son texte Twin Towers. Monk se prête au plus simple des palindromes:
MONK : NOM


  Comme indiqué précédemment, je n'en ai pas fini avec ces NOM-PRENOM.

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