9.4.17

Poliphilo


  Le précédent billet revenait sur les coïncidences unissant le film Pi de Darren Aronofsky (1998) et le roman House of Leaves (2000), de Mark Z. Danielewski. Je rappelle, et souligne, que le film se termine sur deux colles arithmétiques :
255 x 183, dont la solution est donnée, 46665
et 748 : 238, restant sans réponse. L'opération livrerait 3.14..., approximation très connue de Pi, ainsi le film boucle sur lui-même...
  Une des multiples fins de House of Leaves est Appendix II-A, Sketches & Polaroids, constitué de 4 documents numérotés, le dernier étant # 081512, série de 30 photos de maisons où les 8e, 12e, et 15e sont spéciales. Il est clair que MZD (Danielewski) a fait allusion ici aux lettres de rangs 8-15-12, soit HOL, initiales du titre original House Of Leaves.
  Je ne connais pas d'autre exemple d'oeuvre s'achevant sur un nombre codant son titre, et la formidable coïncidence, c'est que le document qui précède # 081512 est # 046665, soit le même nombre que l'avant-dernier résultat de Pi.
  Je crois avoir démontré que Danielewski ne s'était pas inspiré d'Aronofsky pour choisir ce nombre, car c'était le numéro de sa boîte postale.

  Le document 046665 est donc une photo de deux dos d'enveloppes surchargés de dessins et griffonnages divers. J'ai déjà commenté les calculs sur la coudée de la petite enveloppe, m'évoquant la "coudée royale" et la fantaisie de la Quine des bâtisseurs, que MZD a pu connaître lors de son séjour en France.
  Le rabat de la grande enveloppe montre un labyrinthe, avec au premier plan un grand rectangle presque vierge, et je me suis soudain avisé que ses proportions étaient fort proches d'un rectangle d'or.
  Et ce semble bien être le cas, aux imperfections du tracé (et aux distorsions de la photo) près. Mieux, chaque bord du rabat est biseauté, et MZD semble avoir divisé la grande longueur selon le nombre d'or pour construire le rectangle clair et un carré plus approximatif (voir la représentation du document plus haut, en cliquant pour agrandir). Bien que l'angle entre les deux bords du rabat soit un peu supérieur à 90°, la longueur du rectangle partage le bord droit du rabat en moyenne et petite raison d'or, et sa largeur partage le bord gauche en petite et moyenne raison.
   Aronofsky a tourné Pi en utilisant un cache délimitant un rectangle d'or sur son objectif, c'est à ma connaissance le seul long métrage dans ce cas. Pour montrer la proximité du rectangle de Danielewski avec celui d'or, j'ai réduit une image d'Aronofsky à la même échelle, et l'y ai superposée, voici le résultat:
  J'ai choisi le plan de la version sous-titrée où apparaît 46665...

  Un nom est présent en haut à gauche du rabat, Christian Metz, suivi d'une expression raturée illisible (se finissant semble-t-il par "guez"). Christian Metz était un théoricien du cinéma (que Dominique Noguez a critiqué), et on pourrait encore penser que cette référence directe au cinéma à côté d'un rectangle d'or soit une allusion à Pi, mais le nom de Christian Metz apparaît aussi dans la note 190 du Navidson Record, la partie principale de HOL diffusée en ligne en 1997, avant Pi donc, dans une version presque identique à celle publiée en 2000, augmentée des appendices ou annexes.

Note du 4 juin: le document 46665 réserve toujours des surprises, et j'ai eu la curiosité d'y superposer un rectangle d'or de la largeur de la grande enveloppe, et voici ce que ça donne.
  L'ensemble des deux enveloppes semble donc s'inscrire dans un rectangle d'or, pas tout à fait parfaitement car les enveloppes ne sont pas rigoureusement parallèles.
  Je remarque encore que la ligne rouge à la moitié de ce rectangle d'or tombe à peu près exactement sur le haut de la grande enveloppe. En d'autres termes, ceci signifie que son format est proche de la "double coupe d'or" de Sérusier, ou du format Figure. Ceci a pour conséquence que la demi-enveloppe, passant par la pointe de son rabat, est aussi un rectangle d'or. Je rappelle que celui qui a forgé le document a utilisé cette pointe formant presque un angle droit pour le rectangle d'or étudié supra. J'y ai superposé un autre rectangle d'or.

  Sous le rectangle d'or, et parallèlement à lui, apparaît une phrase calligraphiée avec soin, Even today the Kitawans view the spiral of the Nautilus pompilius as the ultimate symbol of perfection, reprenant presque mot pour mot la note 382 du Navidson Record
  Selon le livre d'où provient probablement l'information, cette vénération de la spirale du nautile serait une perception inconsciente des propriétés mathématiques du nombre d'or...
  Je remarque encore que Kitawa est une île de la mer des Salomon, ce qui pourrait souligner mon rapprochement des 20 coudées de la largeur de la maison Navidson, précisée uniquement dans ce document 46665, avec la largeur du Temple de Salomon.

  Le billet précédent m'avait conduit à l'édition française de septembre 1984 en J'ai Lu d'un roman d'Ellery Queen, Coup double, avec cette bizarrerie page 230:
  Il semble que les lettres "phil" de "(phil)osophe" aient sauté pour devenir les chiffres 6566 en début de ligne. Je n'ai aucune idée de comment c'est arrivé, mais me suis émerveillé de l'analogie possible avec les coïncidences 46665 et PI-HOL. Si PHIL devient 6566, peut-être PHILO deviendrait-il 65664, nombre également rencontré dans mes investigations autour de 46665.

  La "traduction" de 46665 serait alors OLIPH, dont de nombreuses occurrences apparaissent en ligne. C'est essentiellement un diminutif pour Oliver ou Olivia. C'est aussi le nom d'une agence de publicité iranienne...

  Je déplore souvent mes déficiences, responsables d'effroyables retards dans mes recherches, avec parfois des années pour saisir un point pourtant immédiat, comme par exemple le rectangle d'or du document 46665 que j'étudie pourtant dans cette perspective depuis 2007.
  Il m'a fallu moins de temps pour me souvenir que j'avais vu une erreur quelque peu analogue à phil devenant 6566, et c'est dans un autre Queen, L'adversaire, dans sa première traduction française en mai 1978 aux éditions PAC. Il y a quelques erreurs d'orthographe, mais ceci est du même ordre, page 220:
  Donc le point (.) achevant la seconde phrase de la citation de Thomas Huxley est devenu un Q. Pourquoi?, mystère encore, mais l'erreur a un formidable écho avec celle de Coup double, car elle intervient dans la phrase qui donne son titre au livre, dans sa version originale du moins, The player on the other side, tiré de la citation. Il y a une ambiguïté sur ce joueur adverse, qui est le Diable, ou Dieu. Le titre français L'adversaire est une appellation connue du Diable, traduction de l'hébreu shetan.
  Quoi qu'il en soit de la résolution de l'ambiguïté, ne devant pas à mon sens être résolue, Diable et Dieu apparaissent explicitement dans le roman, notamment sous la forme JHWH, or la bizarrerie sur le "philosophe" m'a permis de prendre enfin conscience de la signification de son nom, Toyfell, prononciation de l'allemand Teufel, "Diable". 
  Il est évident que cette lecture était à l'esprit de Dannay, tête pensante du duo Queen, moins immédiat que le nom complet Harry Toyfell soit dérivé de Adolf Hitler, anagramme Hard Toifell.
  J'avais découvert que les noms des morts pairs du roman, correspondant à la comptine
Rich man, Poor man,   MacCaby  Hart
Beggarman, Thief,    Anderson   Jackard
Doctor, Lawyer,             Dodd      Holderfield
Merchant, Chief.         Waldo      Winship
avaient pour initiales HJHW, formant JHWH, mais j'hésitais à y voir une intention qui serait maintenant corroborée par le voisinage d'un Diable caché.

  Ceci me fait tenter une reconstitution minimale du parcours de Dannay autour du Tétragramme JHWH.
  En 1945, Dannay veut introduire la théologie dans le prochain Queen, Ten days' wonder, avec un programme criminel basé sur la transgression des Dix Commandements, mais son cousin Lee y oppose de telles réticences que le roman (La décade prodigieuse en français) ne paraîtra qu'en 1948, laissant un trou de deux ans dans la bibliographie queenienne.   En 1948 Dannay, responsable de la revue EQMM, y a publié la nouvelle Le jardin aux sentiers qui bifurquent, première traduction de Borges en anglais. Le découvreur et traducteur, Anthony Boucher, a alors traduit La mort et la boussole pour la revue, nouvelle qui a priori y avait tout à fait sa place, mais Dannay l'a refusée, avec des arguments peu convaincants.
  J'imagine que Dannay a pu se sentir concerné par ce détective Eric Lönnrot (initiales EL, ce qui est aussi le diminutif d'Ellery pour son père) dont le goût pour les intrigues complexes est exploité par un ennemi qui lui tend un piège par de prétendus crimes prétendument inspirés par le Tétragramme. Le criminel de La décade prodigieuse a précisément besoin d'Ellery pour décrypter les indices forgés à son intention, notamment l'anagramme HH Waye de YAHWEH.

  Je ne sais si l'idée gouvernant Coup double était déjà dans l'esprit de Dannay lorsqu'il a lu La mort et la boussole, toujours est-il qu'il s'agit encore d'un plan où le criminel fait participer Ellery à l'enquête parce qu'il a besoin de son esprit tortueux, et qu'on peut y déceler un acrostiche JHWH.

  Nouvel épisode en 1960, où les collaborateurs de Dannay lui transmettent 5 pastiches écrits par Narcejac en 1945, dont un pastiche d'Ellery Queen dont la publication était toute désignée pour la revue, d'autant que les désaccords entre les deux cousins avaient conduit deux ans plus tôt à une conclusion de la série des romans, avec Le mot de la fin (The finishing stroke).
  Dannay publie 3 des 5 pastiches, mais pas celui d'Ellery Queen, qu'il a néanmoins forcément lu. Il a pu y reconnaître une intrigue fort proche de celle de La mort et la boussole, que Narcejac ne pouvait connaître en 1945: trois crimes sont commis pour attirer en un lieu choisi le policier responsable de la mort du frère du criminel.
  Le nom de ce criminel est Jonathan Mallory, et Narcejac ne pouvait savoir non plus que le nom de naissance de Dannay était Daniel Nathan.

  Dannay décide de faire renaître Ellery Queen avec L'adversaire, dont la finalisation de l'écriture est confiée à Theodore Sturgeon. Un plan criminel basé sur le nom JHWH et le carré (un losange chez Borges) conduit à tuer les cousins de Nathaniel, nom équivalent à Jonathan (et à Theodore). Un suspect se nomme Mallory, dont l'alibi est, comme chez Narcejac, une paire de béquilles...

  Je ne peux assurer la totale exactitude de ce scénario, où j'ai tenté de trouver une interprétation raisonnable des faits qui ne sont pas d'obligatoires coïncidences, lesquelles sont déjà ébouriffantes. Sinon, c'est encore plus vertigineux, ce qui ne me dérangerait guère.
  Toujours est-il que Coup double et L'adversaire sont les Queen parus après les traductions anglaises des nouvelles de Borges et Narcejac, dont Dannay a refusé la publication dans EQMM, ce qui lie plus fortement les erreurs phil-6566 et .-Q, erreurs dont aucun autre cas similaire ne me vient à l'esprit (merci aux biblio6566es qui en connaîtraient)Q

  Pour obtenir OLIPH = 46665, il faudrait identifier le point (.) transformé en Q à un O transformé en 4... Sans se montrer trop pointilleux, mais le diable est dans les détails, l'O est parfois plein, tel un gros point, comme sur ce logo d'une série de photos (celle-ci est titrée oliph-4).
  Quant au Q, c'est l'initiale du français Quatre, et le contexte fait penser à l'expression purement française Diable à quatre, aux nombreux échos. C'est notamment un ballet d'Adolphe Adam, dont le titre anglais, The Devil to Pay, est aussi le titre d'un Queen de 1938. Ellery y élucide le meurtre de Solomon Spaeth, tué dans l'une des 4 résidences de Sans-Souci, un domaine qui pourrait préfigurer York Square et ses 4 "châteaux" dans L'adversaire.

  OLIPH, PHILO, il m'est venu que le mot le plus long qu'on puisse faire avec ces lettres est très probablement Poliphilo, le héros du Songe de Poliphile, le "plus beau livre du monde" selon maints bibliophiles, une oeuvre "stéganographique" qui a passionné les érudits de la Renaissance, et dont l'influence a été colossale dès sa première édition vénitienne en 1499.
  J'imagine que, si l'Internet avait existé alors, il y aurait eu des forums de passionnés discutant de chaque passage de l'oeuvre, comme ç'a été le cas pour House of Leaves (56000 posts sur le forum anglais).

  Il peut y avoir des points communs entre les deux oeuvres, à commencer par le tour de force éditorial que chacune a nécessité en son temps.
  Il y a encore les messages cachés, et au moins un même procédé utilisé, l'acrostiche. Le Songe est anonyme, mais un acrostiche courant sur les lettrines débutant ses chapitres livre un nom latin, Franciscus Columna, dont l'identification la plus probable est Francesco Colonna, seigneur de Palestrina, protecteur de l'architecte Leon Battista Alberti, auquel le Songe  a été aussi attribué.
  Il y a beaucoup de messages en acrostiches dans HOL, notamment MARKZDANIELEWSKI.

  Certains ont vu le nombre d'or dans le Songe, et j'ai pour ma part relevé que la division de l'ouvrage en deux livres de 24 et 14 chapitres divisait l'acrostiche (selon l'alphabet latin) en
POLIAM FRATER FRANCISCVS CO = 252 = 12 x 21
LVMNA PERAMAVIT = 156 = 12 x 13

ce que je rapprochais d'une lecture
MELENCO = 63 = 3 x 21
LIAS = 39 = 3 x 13

pour la gravure de Dürer Melencolia datée de 1514, 15 ans après la parution du Songe.

   21-13, mes Fibos fétiches qui sont aussi présents dans chaque colonne du carré magique de Melencolia, et dans un autre acrostiche, en grande partie responsable de mes recherches approfondies sur Queen, celui qui est formé par les titres des chapitres de son 4e roman, en deux books de 21 et 13 chapitres, livrant The Greek Coffin Mystery - by Ellery Queen.
  C'est le seul Queen qui soit divisé en "livres", et j'y remarquais la césure 13-8 du premier livre, tombant après le ffi de coffin, du grec kophinos, avec phi symbole aujourd'hui du nombre d'or (et très récemment de FI, la France Insoumise).
  La lettre grecque phi s'écrit avec 2 lettres, φι, de valeur 510 dans l'alphabet numéral grec. Je remarquais que 510 correspondait à la somme de la valeur 408 de l'acrostiche du Songe, et de la valeur 102 de MELENCOLIAS, et je remarque aujourd'hui que si la division
748 : 238 = 3.14... ≃ pi, la soustraction
748 - 238 = 510 = phi.

   Toujours sur ce billet Mel & co, je remarquais l'omniprésence de la syllabe C-O, correspondant aux rangs 3-14 dans l'alphabet latin.
  Lorsque je me suis penché sur le Songe,  j'y ai remarqué deux nombres, les 467 pages imprimées de la première édition de 1499, et la date donnée à la fin du texte pour son achèvement, le 1er mai 1467. Jongler avec ces nombres m'a conduit à
1467 : 467 = 3.1413..., très proche de
pi = 3.1415...
  De fait, si on cherche 2 nombres tels que leur différence soit 1000 et leur rapport aussi proche que possible de pi, on trouve 1467 et 467.

  L'édition originale du Songe s'achève donc page 467 sur une liste d'errata. Il y a bien sûr un verso, virtuelle page 468, page vierge non reproduite sur la plupart des versions en ligne, mais on peut la voir ici, sur un exemplaire qui a connu une nouvelle reliure, avec quelques pages de garde additionnelles (c'est alors la page 472).
  Je donnais dans le billet 46665 les 528 premières décimales de phi, où apparaît à partir de la 463e position la séquence 046665, le dernier chiffre occupant donc la 468e position. Le nombre phi étant irrationnel, n'importe quelle séquence de chiffres doit en principe apparaître parmi l'infinité de ses décimales, mais une séquence de 6 chiffres demande de l'ordre d'un million de décimales pour avoir une probabilité acceptable d'apparaître. De fait, je dois à un coup de chance de l'avoir découverte, en étudiant les correspondances entre les décimales et leur ordre (la 8e décimale est 8, la 62e décimale est 2 précédé de 6, la 466e décimale est 6 précédé de 46).
  Je rappelle que ce document # 046665, dont le 0 vient probablement d'un souci d'harmonisation à 6 chiffres des documents de l'annexe II-A, contient au moins 3 allusions au nombre d'or, avec le rectangle, le nautile et la coudée, et que sa correspondance avec une séquence remarquable des décimales de phi est une nouvelle coïncidence.

   La correspondance entre les décimales d'un nombre irrationnel et leur rang a été étudiée par ailleurs, mais pour les décimales de pi. La page donne ses 10 000 premières décimales, et j'y repère après 513 décimales la séquence 65664, soit 513 x 128, demi-somme des nombres composant le cube de Frankenstein étudié ici.
  J'ai envisagé 65664 = PHILO plus haut, et il y aurait encore une fabuleuse coïncidence avec la première édition de L'adversaire, dont la 4e de couverture et l'Achevé d'imprimer donnent les numéros caractérisant l'ouvrage, le numéro d'imprimeur se terminant par 54.6 et le numéro ISBN s'achevant par 66.0, or, si

PHILO = 65664, alors
HOL = 546, et PI = 66.
  Je rappelle que la valeur de la comptine de Double, double est 546.

  J'ai mentionné dans le précédent billet le nom de Johnny Truant, personnage essentiel de HOL, devenu dans la traduction française Johnny ERRAND, anagramme de DARREN, prénom d'Aronofsky, sans vraisemblable intention, et le traducteur Claro s'est expliqué sur cette modification.
  Il est encore moins probable que la famille FOX du Queen de 1945, The Murderer is a Fox, soit devenue la famille RENARD dans la traduction française de 1949, Le renard et la digitale, en fonction de l'anagramme RENARD = DARREN = ERRAND.

  L'anagramme est cependant au premier plan du Queen suivant, La décade prodigieuse, avec la profanation du nom divin YAHWEH par Howard conduit à signer ses sculptures HH WAYE.
  Ellery ne parvient pas à empêcher la conclusion de la série des transgressions, le meurtre de Sara Mason, suivi du suicide de Howard qui s'en croit responsable, mais il lui faut près d'un an pour comprendre que toute l'affaire était un montage diabolique du mari de Sara.
  Le déclic est les surnoms que Diedrich donnait à Sara, Lia et Salomina, or LIA MASON et SALOMINA sont des anagrammes de MONA LISA, et le sourire de Sara rappelait celui de la Joconde.
  J'achevais le précédent billet sur une anagramme de la gamme "En ut, ré, mi, fa, sol, la, si",
maison - feuilles - art
  J'avais d'abord tenté des anagrammes à partir de "la maison", les lettres résiduelles livrant les mots "flirteuse" et "fleuriste".
  Sachant que LA MAISON est l'anagramme de MONA LISA, j'ai googlé "Mona Lisa fleuriste" et ai découvert cette peinture ainsi titrée.
  L'auteur en est LC, alias Arkado, alias Cristo Lemeunier. Ceci m'a rappelé la toile signée LC dans La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, LC qui y était le véritable auteur du roman Les origines du mal, ce qui m'avait évoqué le Queen suivant Double, double, en 1951, The Origin of Evil.
  Ce billet sur Quebert-Queen avait coïncidé avec une exposition de phrère Laurent (Cluzel) qui avait adopté pour sa nouvelle manière le pseudo 123, pour 12-3, rangs des lettres L-C.
  Laurent, informé de cette Mona Lisa fleuriste de LC, m'a signalé que ses toiles étaient proposées chez le même vendeur.

  Tiens, à propos du pseudo Arkado de LC-CL, pour lequel l'art est un "cadeau", les lettres KADO correspondent sur un clavier de téléphone à 5236, évoquant la coudée royale, inspirée par un autre LC (Le Corbusier).

  LC peut encore être La Colonne, celle de la Bastille qui a inspiré Cyrille Epstein pour son texte Ecrire en colonne étudié en mars.
  L'acrostiche du Songe de Poliphile m'avait conduit à énoncer que le sieur Francesco Colonna était prédestiné à écrire son nom "en colonne"...

  Il y a un Jean-François Colonna qui est chercheur à Polytechnique, qui donne ici 100 000 décimales de pi, et qui est aussi créateur d'images artistiques mathématiques.

 Malgré mon intérêt pour Sinoué, j'ai loupé la parution en 2015 de son Petit livre des grandes coïncidences, que je n'ai découvert qu'en décembre dernier dans son édition poche.
  Sinoué y reprend bien des cas déjà connus, et surtout révèle comment il en est venu à s'intéresser à la question. En 1996 une dépression l'a conduit à suivre une analyse avec une psy jungienne, Marie-Laure Colonna. Plusieurs coïncidences l'ont fait prendre conscience du phénomène, d'abord ce songe:
Je me voyais dans une grotte, campé dans un décor à la Indiana Jones. Des gens m'entouraient. Manifestement des explorateurs. Brusquement, j'aperçois dans un coin de cette grotte un visage, celui d'une jeune femme brune aux grands yeux noirs. Elle me fixe et je vois briller dans son regard une colère indicible. Submergé de terreur, j'exhorte mon entourage à quitter les lieux sans tarder, sinon: « la déesse Ishtar nous tuera.»
  Sinoué raconte son songe le lendemain à Colonna, et celle-ci lui montre l'article qu'elle était en train de rédiger cette même nuit, sur la première page duquel se détachait un nom en caractères gras, Ishtar.
  Je rappelle que c'est le nom INANNA, autre nom d'Ishtar, vu dans une colonne du carré concluant Ecrire en colonne de Cyril Epstein, qui m'a conduit aux développements relatés en mars.
  Selon Colonna, le songe de Sinoué signifie que ce sur quoi il travaille n'est pas bon, et, effectivement, relisant ce qu'il a déjà écrit, il décide d'abandonner le projet en cours. Il lui vient ensuite l'idée d'exploiter ce qu'il est en train de vivre, avec un Argentin qui rêve de façon obsessionnelle d'une femme, et qui consulte une psy jungienne...
  La psy relève des éléments troublants dans les visions de Ricardo, et le conforte dans l'idée de tout abandonner pour tenter de trouver cette femme, et partir pour la Crète car elle lui est apparue tenant une statuette typique de la civilisation minoenne.
  Ce roman est Des jours et des nuits, dont l'achèvement a coïncidé avec la fin de l'analyse de Sinoué. Il l'a dédié à Colonna, ou plutôt à Adelma Maizani, son avatar dans le roman.
  Elle l'a lu, puis lui a demandé de venir chez elle en parler, et là elle lui a montré une statuette parfaitement similaire, laquelle était depuis plusieurs années dans une pièce jouxtant son cabinet de consultation.
  Je rappelle que les coïncidences entre Des jours et des nuits et les polars minoens de Paul Halter ont déclenché en septembre 2008 une ébullition jungienne qui m'a conduit aux découvertes à la source de ce blog Quaternité (tiens, le roman est sous-titré Le rire de Sara, écho au sourire de Sara Mason).
  Il n'y a eu qu'une seule édition du Halter le plus coïncidentiel, Le chemin de la lumière, et elle offre une erreur de composition un peu analogue aux deux cas queeniens: la lettrine ouvrant le chapitre 16 est manquante, et au lieu de "Malgré" on trouve "algré l'approche de la nuit, (...)", page 115. Je l'ai vérifié sur plusieurs exemplaires, et le retrait du "a" initial est le même que celui des autres paragraphes.
  Tiens, le titre de ce chapitre 16 est Dans la maison trop grande et trop vide (la maison Navidson est "trop grande" mesurée de l'intérieur).

  Le titre sur la couverture du livre de Sinoué est contenu dans un cercle, superposé à une série de dés. Les dés non voilés par le cercle pourraient former la séquence 465665.

  Francesco Colonna, FC... Le billet S.N.C.F.Q.D. m'avait conduit en juin dernier à diverses considérations sur les lettres gimel et waw hébraïques, gamma et digamma grecques, et leurs correspondances dans notre alphabet.
   Gimel correspond à C ou à G, waw (ou wow) à F ou à W, voire aux voyelles O ou U. Je pense au WOW de Cyril, au peintre Gustavus Frankenstein, inventeur du premier cube magique mentionné plus haut, ou encore à Gaspard Winckler, nom récurrent chez Perec, dont le premier avatar a été le peintre Faussaire du Condottière.

   La recherche "Diable à quatre" m'a conduit à plusieurs romans portant ce titre, dont un paru en 1960 dans la collection L'as de pique, aux éditions Karolus.
  1960, l'année où Dannay a reçu les traductions des pastiches de Narcejac, dont Le mystère des ballons rouges. A ce propos, Vincent Bourgeois a recensé pour Enigmatika (2007 n° 1) les pastiches d'Ellery Queen; il commence par Le mystère des ballons rouges et finit par Prenez garde aux ballons rouges, de Pierre Véry, uniquement pour sa dédicace: A Ellery Queen, grand seigneur au royaume de la fantaisie.

  Omer a l'or m'a conduit en février dernier aux premières publications de Léo Malet sous le pseudo Omer Refreger, en 1944, dans une autre collection L'as de pique, aux Editions et Revues Françaises.
  Jamais 203, et en consultant l'excellent site Queen de Kurt Sercu j'y ai appris la récente édition en coréen des romans de Queen, avec comme élément principal en couverture Dannay et Lee dans un W pour les enquêtes à Wrightsville, et dans un Q pour les autres.
   Il s'y ajoute un petit détail caractérisant chaque roman, et pour Double, double c'est un as de pique, car un élément du plan de l'assassin consiste à faire tirer au superstitieux Dr Dodd dans un jeu de 52 cartes un as de pique, présage de mort.  Ceci se produit dans le "sanctuaire" du Dr Dodd, terme mentionné plusieurs fois, une pièce fermée à clé où il a réuni divers grigris. L'obsédé queenien pense au "sanquetum" de Et le huitième jour...,  la seule pièce fermée à clé de Quenan, contenant les trésors de la communauté.

  Je n'en ai pas fini avec Et le huitième jour..., ni avec le document  046665 de La maison des feuilles, et j'aborderai dans le prochain billet leur rapport avec Phil Dick.
  MZD a eu le toupet d'assener dans son interview Haunted House qu'il serait surpris que quelqu'un trouve une interprétation de son oeuvre qu'il n'eût pas prévue. Je pense pouvoir relever ce défi.


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