31.12.10

et Cetera

J'ai eu il y a peu l'occasion de parler de mes recherches jungiennes à quelques "profanes", et me suis à nouveau rendu compte que, si l'histoire de l'échange Jung-Haemmerli suscitait une réelle curiosité, il n'en allait pas de même des circonstances annexes du 4/4/44 et de l'équilibre idéal 4-1 de la vie de Jung autour de cette date.
Pourtant le cas Jung-Haemmerli serait assez quelconque s'il ne touchait deux personnalités, et il existe de multiples cas bien mieux documentés de morts prédites dans les plus étranges circonstances, comme celui d'Amy Hardie relaté dans son film Juste un rêve diffusé récemment sur Arte.
Cependant, quoi qu'on pense du témoignage de JungJung para principiantes (2004)ISBN 9789879065044, il est assuré qu'il a donné à plusieurs reprises comme seule date clé le 4/4/44, longtemps avant une mort tout à fait "naturelle" le 6/6/61, 6272 jours après le 4/4/44, avant lequel il avait vécu 4 fois 6272 jours pleins.
Et Jung, qu'on partage son point de vue ou non, est l'homme de la Quaternité, du mandala l'obsédant depuis 1919, celui qui a peint de multiples mandalas dans son Livre Rouge, celui qui a écrit
Je savais que j'avais atteint, avec le mandala comme expression du Soi, la découverte ultime à laquelle il me serait donné de parvenir.
Ma Vie - Confrontation avec l'inconscient

Avait-il raison ou pas, peu importe puisque c'est lui qui le pensait, et qui est mort dans la plus exacte conformité avec ce concept. Je ne sais quoi y ajouter.
Je me rends compte que j'aggrave mon cas avec ma propre intuition du 8 septembre 2008, ou premier Absolu 136, qui m'a fait prédire le schéma 4-1 autour du 4/4/44 alors même que j'aurais été incapable de donner les dates exactes de Jung, mais ça s'est passé ainsi, et je me refuse à inventer une histoire mieux acceptable. Si j'ai été le premier surpris par ce qui pourrait sembler un prodige, je l'ai beaucoup relativisé depuis, et je propose aujourd'hui la comparaison suivante.
La résolution du Rubik's Cube fait appel à des algorithmes d'une complexité bien plus grande que le calcul du nombre de jours entre deux dates, or les champions de ce jeu sont parvenus à transformer ces algorithmes en automatismes quasi inconscients qui leur permettent de résoudre n'importe quelle configuration en moins de 7 secondes. On ne peut que s'émerveiller devant ce prodige d'adaptation du cerveau, et que trouver minable en comparaison le délai de 1618 jours au terme duquel mon pauvre ciboulot m'a suggéré la relation autour du 4/4/44, date à laquelle j'ai commencé à prêter attention le 4/4/4, ce qui me semble un fait autrement remarquable (mais c'est en partie cette "validation par le hasard" qui a mobilisé toute mon attention vers le quadruple 4 jungien).

C'est aussi que je connaissais l'importance du 4 pour Jung, et que j'adhérais moi-même au concept de Quaternité, non par allégeance au Maître mais parce que le motif 4-1 s'était aussi imposé à moi dans mes études sur la Bible hébraïque.
J'ai donné quelques échos de ces recherches, dont je sais encore qu'elles peuvent susciter un total scepticisme chez les esprits forts raisonnant à peu près ainsi : "Moi je ne connais pas l'hébreu et ne peux juger de ce que raconte ce gars, mais s'il avait un tant soit peu raison, ça se saurait !"
"Ça se saurait..." : je comprends parfaitement cette réaction, qui a aussi été la mienne devant certaines de mes découvertes, tant elles me semblaient résulter d'une parfaite logique. Ceci m'a conduit à diverses interrogations, les moins folles imaginant un complot du silence autour de certaines vérités éclairantes...
En fait, dans la plupart des cas, "ça se savait", mais plus de documentation était nécessaire, et la révolution Internet est venue à bout des derniers cas. Un cas est demeuré rétif jusqu'au début 2008, j'en ai déjà parlé, mais je voudrais y revenir en le présentant dans une transposition française, aussi proche que possible de l'original, dans l'espoir de le faire mieux comprendre.

Imaginons la découverte d'une petite communauté, dont toute les croyances seraient liées à 5 livres écrits par un héros, nommé Mécie Uniq, qui l'a jadis libérée de 5 générations d'esclavage chez de cruels oppresseurs.
4 des livres relateraient l'histoire de cette libération, l'autre présenterait l'histoire antérieure de la communauté, détaillant notamment la filiation de Mécie Uniq depuis la création du Monde.
Un exégète étudiant ces livres isole quelques faits :
- Mécie Uniq a vécu 120 ans
- C'est l'anagramme de Cinquième (et il fait partie de la 5e génération de la communauté)
- Parmi ses ancêtres il relève les noms de Caquin et Cetera, qui ont vécu 600 et 480 ans, 5 et 4 fois 120 ans, et il devine dans ces personnages essentiels dans la mythologie de la communauté des déformations des mots Cinq et Quatre.
- Ces déformations ne sont pas quelconques, la communauté pratique l'art de la gématrie, et selon ce système
Caquin = 65 = 5 fois 13
Cetera = 52 = 4 fois 13

Le travail de l'exégète est applaudi par ses pairs, il reçoit de multiples distinctions...

En remplaçant l'exégète par Mézig, les 5 livres par le Pentateuque, Mécie Uniq, Caquin et Cetera par Moïse, Sem et Héber, tout est à peu près exact, sauf la reconnaissance publique.
Il est vrai que je n'ai fait que quelques timides tentatives pour publier ces découvertes il y a près de 25 ans, échaudé par des premières réactions frileuses alors que j'espérais un enthousiasme immédiat.
Cette transposition ne peut rendre compte de la complexité originale, où Sem et Héber n'ont rien de noms artificiels mais sont les fondateurs éponymes des lignées des Sémites et des Hébreux. Ces noms sont de plus obtenus à partir des mots hébreux pour Cinq et Quatre selon une même opération logique, et il est impératif de connaître un tant soit peu l'histoire de la langue hébraïque et de l'écriture du Pentateuque pour bien comprendre qu'il est impossible que ces formes Sem-Héber aient été choisies pour leurs valeurs numériques 340-272 (soit 5 et 4 fois 68) car ces résultats dépendent d'une technique empruntée aux Grecs bien des siècles plus tard.
C'est là que ça devient intéressant selon moi, mais apparemment beaucoup moins pour les éditeurs...

J'étais parvenu à ces résultats à partir d'une démarche qui me semblait évidente. Le Pentateuque s'achève sur la mort de Moïse à 120 ans, or tous les noms et âges de ses aïeux sont donnés jusqu'à Adam, et l'addition des 26 âges donne l'étonnant nombre 12600, dont il est tentant d'isoler les 600 ans de Sem.
Je n'ai donc trouvé aucune trace de ce calcul jusqu'au début 2008, avec un résumé d'un article récemment paru dans une revue "sérieuse", où il était question comme dans mon étude de l'étroit parallélisme avec les âges de la mythologie sumérienne. Je me demande si le résumé visible aujourd'hui n'a pas été étoffé depuis 2008, car il indique aujourd'hui que l'auteur envisage que la somme des âges ait eu pour première forme 12000 ans, avant d'être étendue à 12600 ans en harmonie avec l'eschatologie de Daniel, où apparaît le nombre 1260, et je n'avais pas noté alors cette similitude avec ma démarche isolant aussi les 600 ans de Sem.

Depuis 2008 sont apparus deux nouveaux résultats autour de ces 12600 ans.
Le blog KabbalahSecrets y a consacré l'article du 9 décembre 2008, orienté selon une perspective ésotérique annonçant le retour du (vrai) Messie en 5778, soit en 2018 de l'ère vulgaire, ceci semble-t-il parce que le logarithme décimal de 600000 est 5.778. L'auteur remarque la somme 12600 des âges patriarcaux, mais s'attache plutôt aux logarithmes individuels des 26 âges, dont la somme 66.66 lui semble significative.
Comme les logarithmes étaient inconnus alors, il en déduit que seul Dieu a pu cacher cette sagesse dans la Tora.

L'autre page est un chapitre d'un livre en accès libre depuis 2009 sur un site créationniste... Rien ne nous sera donc épargné ! Toutefois il s'agit du créationnisme dit "Vieille-Terre", s'opposant au "Jeune-Terre" (Junge Erde) qui prend à la lettre les Ecritures et rejette les perspectives scientifiques qui donnent à l'univers des milliards d'années.
L'auteur, Carol J. Hill, s'attache donc à démontrer que tous ces âges sont schématiques, construits à partir des nombres fétiches mésopotamiens 60 et 7, et en déduit qu'ils ne constituent pas des données chronologiques véridiques.
Je suis toujours ébahi de voir la saine logique appliquée aux affaires divines, puisque "Dieu" échappe en principe à notre logique, et Son omnipotence aurait fort bien pu le conduire à faire vivre des âges symboliques à ses créatures...
Enfin je suis redevable à Carol Hill de ce tableau soigné que je lui emprunte :Elle observe que dans les 3 groupes de patriarches les sommes des âges sont multiples de 7, et remarque particulièrement les 8575 ans des patriarches antédiluviens, soit 52.73 et les 1029 ans des 7 patriarches d'Abraham à Moïse, soit 3.73.
Je l'avais remarqué aussi, mais pas qu'en réunissant ces deux groupes on obtenait 7777 ans pour les 7+7 patriarches encadrant les 777 ans de Lamech.
C'est frappant, bien qu'il me semble impossible d'affirmer que ceci corresponde à une intention des rédacteurs bibliques, mais je trouve autrement frappant que les deux seuls nouveaux documents commentant les 12600 ans des patriarches en tirent l'un 66.66, l'autre 7777.
Il est encore amusant que, implicitement, l'auteur du blog KabbalahSecrets soit un créationniste "Jeune-Terre" à la manière du fondamentalisme juif, faible minorité pour laquelle le monde a été créé il y a 5770 ans, selon les calculs des anciens rabbins à l'origine du calendrier hébraïque, toujours en cours mais surtout par respect de l'identité juive.

Note de 2018 : l'article universitaire sur les 12600 ans des patriarches est maintenant en accès direct ici.

Je n'ai présenté ici qu'un bref résumé d'un aspect de mes découvertes sur les vies des patriarches, avant mon renouveau jungien.
Je voudrais souligner maintenant les échos avec Jung. Ce n'est pas par hasard si j'ai nommé mon équivalent de Moïse Mécie Uniq, anagramme de cinquième, car en hébreu "messie", MSYh, est l'anagramme de "cinquième", hMSY.
Il y a un côté "messianique" évident de Moïse, bien que le concept de messianité n'apparaisse pas dans la Tora. En-dehors des aspects numériques 4-5, les ressemblances des noms Sem et Moïse constituent une véritable énigme, surtout si l'on suit les historiens selon lesquels le nom Moïse correspondrait au "fils" égyptien, mès...
Sem (shem), SM, signifie "nom" en hébreu.
Moïse (moshe), MSH, est le renversement de HSM, ha-shem, "Le Nom", formule désignant le Tétragramme YHWH dont la prononciation est interdite, YHWH de valeur 26 tandis que Moïse est le 26e patriarche.
Les lettres H-S-M ont les rangs 5-21-13 dans l'alphabet hébreu. J'ai évoqué récemment la division chrétienne de l'Ancien Testament en 5-21-13 livres, division reprise par les éditions imprimées de la Bible hébraïque.
Les rangs 21-13 des lettres SM ("nom", "sème") correspondent au rapport HAEMMERLI/JUNG = 84/52 = 21/13. En hébreu le nombre "quatre", arba', a pour valeur 273 = 21.13.
Les rangs 11-14 des patriarches Sem-Héber correspondent au format de la gravure Melencolia de Dürer, dont l'unité serait donné par la sphère au premier plan (en grec "ronde" = strongylé = 1114). Je rappelle que les colonnes du carré magique de cette gravure font lire 4 fois les sommes 21+13.
J'avais donné ici le calcul d'un exégète qui trouvait en couplant les nombres du carré la somme 2368, aussi bien horizontalement que verticalement, 2368 qui est la valeur du grec Iesous Christos, le Sauveur Messie.
Il se trouve que Moïse serait selon la chronologie juive né en 2368...

Qu'il soit bien entendu que je n'entends rien démontrer avec ces relations, sinon l'action de ce qu'Etienne Perrot nommait Sainte Chronicité, et Jung le trickster Hermès, qui mériterait une lecture germano-anglaise Herr Mess, "Maître de l'embrouille".

2 commentaires:

Victor TENNGU a dit…

Herr Mess ! Maître de l'Embrouille ! Excellent...le MESSager, justement celui qui est là pour INTERPRETER (https://www.universalis.fr/encyclopedie/hermeneutique/ ). La Pythie (http://delphes-antique.pagesperso-orange.fr/Mythologie/MDOraclesPythieDescription2.htm): "Les consultants formulaient leur demande oralement ou par écrit à l’un des prophètes, qui en donnait lecture à la Pythie. Celle-ci, invisible de tous, hypnotisée par la mastication des feuilles de laurier, l’encens et les effluves de souffre de la faille, répondait à l’aide de mots inarticulés et de cris incompréhensibles. L’interprétation des paroles de la Pythie était transcrite en vers par le prophète, et c’est cette réponse écrite que le consultant emportait avec lui. C’était une réponse obscure et ambiguë, que les fidèles interprétaient à leur convenance. Et c’est seulement lorsque le sort venait les contredire qu’ils comprenaient le vrai sens de la prophétie. Ainsi s’explique l’épithète d’Apollon Loxias (l’Oblique)." Demandons à HERMann HESSE !

Victor TENNGU a dit…

En complément, Apollon comme dieu Retors : https://books.google.fr/books?id=aj0RCwAAQBAJ&pg=PA210&lpg=PA210&dq=pythie+paroles+obliques&source=bl&ots=v6pXxVjDiL&sig=ACfU3U3WXA75K0zKS4U3uvjllllcxqdp6g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjxhJucyZjiAhUND2MBHVudCdsQ6AEwCXoECAkQAQ#v=onepage&q=pythie%20paroles%20obliques&f=false