23.3.10

à la source

J'étudiais ici les 3 seuls polars français (à ma connaissance) évoquant le Lebensborn de Lamorlaye, la filiale française des haras humains créés par Himmler pour doter le Reich nazi d'une progéniture soigneusement contrôlée selon ses critères de "pureté raciale".
Le hasard d'un fil suivi sur une autre piste m'a conduit au thriller de Jean-Christophe Grangé Les Rivières pourpres (1998), antérieur à ces polars, que j'avais lu à l'époque, puis dont j'avais suivi d'un oeil une diffusion TV de l'adaptation ciné. Je n'avais aimé ni l'un ni l'autre, et tout ce que j'en avais retenu était la date du 14 avril vue dans l'adaptation, m'étant vaguement dit qu'il faudrait que je vérifie dans le roman la présence de cette date cruciale (le premier publié des 5 polars couvrant une semaine pascale, Le parfum de la dame en noir, s'achève le dimanche de Pâques 14 avril 1895).
Les hasards du streaming m'ont conduit à voir en octobre dernier la suite ciné des Rivières pourpres, qui a trouvé ensuite un écho dans l'épisode Thirteen de Numb3rs, commenté ici. Il m'a fallu quelque temps pour me remémorer cette histoire de 14 avril et pour me décider d'abord à revoir le premier Rivières pourpres, afin de retrouver dans quelles circonstances apparaissait la date.
Je vis le film le 2 mars, puis relus le roman le 21 : la date apparaît sur la pierre tombale de Judith Hérault, née le 14 avril 1972 et morte le 23 septembre 1982. L'adaptation a éludé un élément du roman, où Judith est enterrée sous le nom de Jude Itero, avec des dates légèrement différentes, 23 mai 72 et 14 août 82.
Je remarque le chiasme 14-23 et le choix des mois voisins, sans rien en tirer d'évident. Il m'est beaucoup plus immédiat que l'intrigue concerne une entreprise de type Lebensborn. Si le mot n'est cité ni dans le roman, ni dans le film, il apparaît dans cette critique en allemand du film, indiquant que l'enquête concerne une université des Alpes, qui
n'est pas seulement une université d'élite, mais pratique aussi une politique de sélection des personnes génétiquement saines à la manière du "Lebensborn" nazi en son temps.
L'essai Sleuthing ethnicity est plus précis :
L'intrigue diabolique des Rivières pourpres est intimement inspirée des Lebensborn, centres où des jeunes femmes de "race pure" pouvaient rencontrer des SS et procréer avec eux. Les enfants étaient ensuite élevés dans des nurseries pour favoriser la création de la "Race des Seigneurs".
Le roman comme le film évoquent à maintes reprises l'exemple nazi à propos de cette sélection , ainsi dans ces répliques du film :
Vincent Cassel : On est tombé sur une fac de nazis ?
Jean Reno : C'est pas une fac, c'est un élevage.

Ce point étant acquis, la curiosité essentielle est que l'enquête concerne une série de meurtres ayant en commun la première victime, Rémy Cailloisdes victimes retrouvées sans mains et sans yeux. Or un curieux point commun des 3 polars Lebensborn est le thème de l'amputation, sans nécessité apparente puisque dans Le doigt coupé de la rue du Bison, c'est le hasard d'une enquête sur un doigt coupé qui mène le héros Pierre au Lebensborn de Lamorlaye, où il apprend que sa mère y est morte, sans rapport avec ce doigt dont l'origine restera d'ailleurs inconnue.
Dans Serial eater, un pasteur nazi a choisi le fils d'une femme née au Lebensborn de Lamorlaye pour réaliser un étrange plan, tuer des femmes, et utiliser des parties de leurs corps pour épeler la formule biblique ototay eleh beqirbo, "mes signes dans leurs entrailles". Avant d'être arrêté, le tueur a tué 4 femmes et écrit 5 lettres hébraïques, les 4 du premier mot alef-taw-taw-yod, et l'initiale du second mot alef. Une main de la première victime lui a suffi pour le premier alef, et il a souligné la main de la dernière victime de ses deux yeux pour le second alef, différencié du premier qui est un alef 'holem, notant le son o, tandis que celui-ci est un alef tsere, notant le son è, ce que le système diacritique exprime par deux points sous la lettre.
J'ai discuté ici l'étrangeté du roman de Tobie Nathan, où cette histoire d'inscription en hébreu des lettres équivalentes à ATTA dans notre alphabet me semble un prétexte cachant l'épellation du nom de Mohammed Atta, le chef des terroristes du 11 septembre, pilote du vol AA-11 écrasé sur les Twin Towers. J'ai émis l'hypothèse que Nathan ait magnifié ainsi certains aspects prémonitoires de son roman de 1995, Dieu-Dope, où il y avait un assassin (attal en arabe égyptien, donné dans le roman) à la jambe coupée, en relation étroite avec la lettre T. Ce sont deux jambes entières qui sont utilisées par l'assassin de Serial Eater pour écrire les deux lettres taw de sa formule, taw devenu notre T.

Le film Les rivières pourpres a perdu une part importante des enjeux raciaux du roman, par exemple en omettant la traque du "Jude" (Itero) aussi bien par les "nazis" que par le flic beur Karim, devenu dans le film le moins typé Max (joué par Vincent Cassel, fils de Jean-Pierre qui joue Bernard Chernezé, le principal responsable "nazi").
Or Jude, c'est "Juif" en allemand, devenu sous le Reich le tétragramme inscrit sur l'étoile jaune infâmante, et c'est donc Judith, yeoudit "juive", qui exécute les "nazis" avec l'aide de sa soeur jumelle Fanny.
C'est vraisemblablement dans le même esprit que Nathan avait créé dans Dieu-Dope le personnage de "la petite Youde", Judith qui traque et exécute les anciens miliciens du régime de Vichy. Nessim Taïeb (traduction arabe de Tobie Nathan) l'utilise pour éliminer un bien plus dangereux nouvel émule de Hitler, l'unijambiste Antoine Habt (anagramme de Tobie Nathan).

N'ayant pas réussi à prendre l'intrigue des Rivières rouges au sérieux, j'avais lu le roman rapidement, sans déceler ses finesses d'écriture et de construction.
Dans une brillante analyse, Sjef Houppermans souligne les multiples doubles et reflets du roman, culminant dans son dénouement, le démasquage de l'assassin qui se révèle double, les jumelles Judith et Fanny. Ce jeu passe par les homonymies du langage : Niémans a peur des chiens, de l'animal comme de celui de son revolver; Karim aime le thé, et pratique un art martial peu courant, le té (apocope probable de tekudo).
Ayant la vague idée que te signifierait "main" en japonais, j'ai vérifié que c'est exact. Ainsi ce flic qui pratique la "main" va-t-il enquêter sur des mains coupées. Je dispose d'un texte électronique des Rivières pourpres, où une recherche m'apprend que les mots "té" et "thé" y figurent chacun deux fois. Ceci confirmerait l'idée d'une volonté du "double", et bravo à Houppermans d'avoir repéré ces mots (mais les 4 occurrences se situent dans le même chapitre 7, et les derniers "té" et "thé" sont très proches l'un de l'autre).
Pour ma part, dans la continuité du rapprochement avec Serial Eater et son tueur de la seconde génération du Lebensborn, je remarque ces doubles et thé, en écho aux deux T figurés par deux jambes par le tueur, tandis qu'il emploie deux mains (te) pour les A. Ces résonances pourraient dessiner un étrange schéma triennal :
1995 : parution de Dieu-Dope, où Tobie Nathan présente le nouvel Hitler Antoine Habt, privé d'une jambe, qui veut se forger une armée d'esclaves assassins, attal, à la manière des haschichins du Roi de la Montagne. Son plan est stoppé par Judith, qui l'éventre du pubis jusqu'à la gorge comme une autre Judith avait jadis tranché la tête d'Holopherne.
1998 : parution des Rivières pourpres, où Grangé imagine un autre complot apparenté nazi, enrayé par deux jumelles, Judith et Fanny, qui exécutent les responsables en les étranglant avec une corde à piano, puis leur ôtent mains et yeux. Les jumelles démasquées meurent toutes deux, et c'était une mission suicide pour le commissaire Niémans qui les accompagne dans la mort.
2001 : 12 mars, parution de ma nouvelle Le cas Nard, où 4 soeurs, dont les jumelles Inoui et Ninon, exécutent des hommes en leur coupant mains et pieds; 11 septembre, abattage des TT, des Twin Towers ou Tours jumelles, par le commando suicide Atta, commandité par Al-Qaida, organisation comparée à celle des Haschichins.
2004 : parution de Serial Eater, où un élève d'un pasteur nazi disparu dans l'attaque des Twin Towers exécute des femmes et en prélève des membres disposés dans des églises pour écrire ATTA, achevé le 17 janvier 2002, la Saint-Antoine.

S'il s'agit de coïncidences plutôt légères, une recherche 11 septembre coincidence m'a mené à quelque chose qui m'a abasourdi. Dans le film Matrix (1999) apparaît un court instant, à l'envers, le passeport de Thomas Anderson (Neo); un arrêt sur image permet d'y lire que ce passeport expire le 11 septembre 01:
Et pourquoi pas après tout, bien que cette date fasse peut-être référence à un autre millénaire ou un autre calendrier, et qu'un autre document montré précédemment donnait Anderson né le 3 mars 62 à Capitol City, alors que ce passeport le fait naître le 13 septembre 71 à Capital City.
S'il y a trop peu de jours dans l'année pour s'étonner qu'une date particulière apparaisse dans la multitude des fictions, je suis cependant frappé de la date du 11 septembre dans Matrix. Sur une des pages où je développais les bizarreries entre les oeuvres de Tobie Nathan et le 11 septembre, Serial attal, je reproduisais la matrice du code biblique faisant croiser les expressions "terroriste Atta" et "homme égyptien", et parce que NEO est l'acronyme par lequel se désigne Nicolas d'Estienne d'Orves auteur des Orphelins du mal, parce encore que Thomas Anderson est le nom d'une victime dans le roman quaternitaire Double double d'Ellery Queen, je remarquais l'identité des noms et le doublement des initiales TA permettant d'écrire ATTA.
Or ce passeport donne dans l'ordre Anderson Thomas A., soit les initiales ATA, ce qui est une autre façon d'écrire le nom de Mohamed Ata qui n'a que 3 lettres en arabe comme en hébreu, tel qu'il figure dans la matrice du code biblique, et le passeport de cet Ata-là a bien expiré le 11 SEP 01, avec son propriétaire. On se souvient que le passeport d'un de ses compagnons fut retrouvé presque intact à proximité du World Trade Center, histoire assez absurde pour être crédible.

Les frères Wachowski réalisateurs des Matrix n'avaient précédemment pas grand-chose à leur actif, sinon le scénario de Assassins (1995, l'année de l'assassin attal).

Si la présence du 9/11 dans Matrix a été surexploitée, probablement en raison du côté contestataire du film, un autre 9/11/01 n'a pas eu les mêmes échos, peut-être parce qu'il apparaît dans un film plutôt conservateur, Independance Day (1996), où il s'agit d'un temps en minutes, secondes, centièmes, dans un compte à rebours au terme duquel sont détruites New York et Washington (ainsi que Los Angeles et quelques grandes capitales mondiales).
Le temps apparaît sur un ordi, d'abord à 27', puis pendant un peu plus d'une seconde, de 09:12:18 à 09:10:44. Comme il y a en principe 24 images par seconde dans un film, il n'était pas obligatoire que le temps 09:11:01 apparaisse, or cette image en témoigne, et le spectateur la voit sans artifice, alors que je ne pense pas qu'un spectateur de Matrix puisse percevoir, même de façon subliminale, la date d'expiration du passeport de Neo.
Le chronomètre ne réapparaît ensuite que pour égrener la dernière seconde (autrement dit on voit défiler la seule seconde complète 00:01 après la précédente seconde complète 09:11), après quoi survient la frappe des aliens, avec pour cibles privilégiées l'Empire State Building, dans une scène préfigurant ce qu'on verrait le 9/11/01, et la Maison Blanche, peut-être la cible du dernier Boeing détourné.
Plus de détails chez Neo Trouvetout.

J'ai été moi aussi quelque peu détourné de mon projet initial par ces découvertes. En se renseignant sur les curiosités de ces films on a quelque chance de tomber sur des sites prônant la théorie du complot à propos du 11 septembre; j'avoue ne pas saisir la logique menant à cela, mais c'est un fait que maints esprits carrés ne peuvent admettre les coïncidences, sans parler des synchronicités. Ainsi ce ne saurait pour eux être un hasard si John O'Neill, peu avant haut responsable du FBI, en ayant démissionné parce qu'on n'accordait aucun crédit à ses avertissements concernant Ben Laden et les dangers d'attentats aux USA, avait été nommé chef de la sécurité du World Trade Center le 23 août, et commencé à travailler effectivement le 10 septembre. L'homme qui savait mourut le 11 septembre, et les partisans de la thèse du complot soupçonnent donc qu'il avait dû son nouveau poste aux conspirateurs qui savaient ce qui allait se passer le 11 septembre...

Il existe des livres cataloguant des centaines de coïncidences, parfois bien plus extraordinaires que le cas de John O'Neill, sans complot envisageable (enfin sait-on jamais...)
Je privilégie pour ma part les cas indubitablement authentifiés, notamment les livres. Je conseille de lire mes diverses pages consacrées aux romans de Tobie Nathan, d'une complexité effarante, allant bien au-delà du 11 septembre, pages qui pourraient être reliées à un projet que j'ai abandonné parce que je n'en maîtrisais plus les proliférations.

Cette digression sur Matrix et autres m'a permis d'évoquer l'écriture sémitique de ATA en trois lettres 'ayin-tet-alef, or la gutturale 'ayin est l'ancêtre de notre O, et son graphisme original est d'ailleurs un cercle, représentant un "oeil", 'ayin précisément.
Ceci me permet de revenir à mes romans "Lebensborn", et aux Orphelins du mal de NEO (Nicolas d'Estienne d'Orves), où un message est délivré avec 4 mains droites coupées, portant des tatouages du Lebensborn. Ce sont les mains, amputées volontairement, de 4 clones de OTTO Rahn, un nazi mythique que NEO a imaginé maître d'oeuvre du Lebensborn. Tout ceci semble converger vers d'étranges échos :
- Le premier mot ATT-Y écrit par le serial eater se lit otot-ay, "mes signes" ou "mes lettres", avec le suffixe Y signifiant "mes", indiqué par la lettre yod signifiant "main" (yad), traduite pour le tueur par un doigt. Les seules "lettres" déposées dans des églises ont été ATT, se lisant otot, "signes", avec une main et deux jambes que le tueur aurait dû logiquement compléter par deux yeux, pour marquer les points diacritiques indiquant les voyelles "o".
- La lettre T, taw, est originellement un "signe", précisément. Le "signe" envoyé par Otto...
- Les lettres composant le nom du terroriste Ata sont 'ayin-tet-alef, 'ayin (oeil) et alef (taureau) étant interchangeables en hébreu moderne, au niveau de la prononciation, de même que taw (signe) et tet (écheveau).
- Je rappelle que te est aussi la main en japonais, ce que je sais grâce aux Rivières pourpres.

Tout ceci forme un écheveau (tet) inextricablement emmêlé, à prendre la tête précisément, mais ces correspondances sont effectives et certaines d'entre elles sont évidemment voulues par les auteurs, ce qui rend les autres encore plus étourdissantes.
J'abandonne devant ce vertige, pour aborder un autre point commun des maintenant 4 romans Lebensborn, le doigt coupé. Il y en avait un, anecdotique, que j'avais renoncé à mentionner dans Les orphelins du mal, et il y en a un aussi dans Les rivières pourpres où, pour prouver la mort de Judith Hérault, sa mère lui coupe un index qui identifiera un corps très abîmé dans un accident.

Je me bornerai à quelques échos avec les messages précédents.
J'évoquais dans le dernier le film Identity, où le tueur Malcolm Rivers s'est créé 11 autres identités, qui ont pour point commun d'avoir des noms d'états américains (Nevada, York...), or ici c'est l'identité réelle des jumelles meurtrières qui est Hérault, un département français (et une rivière, river).
Qui plus est, le titre anglais du livre, Blood-red Rivers (ou Crimson Rivers pour le film), fait apparaître le nom du tueur d'Identity.

Ces "rivières pourpres", c'est le sang, l'hérédité. Après leur premier meurtre, les jumelles laissent un message à l'intention des victimes suivantes, les maîtres des rivières pourpres, "je remonterai à la source des rivières pourpres". Attendu que le sang, c'est la vie (Dt 12,23), cette "source" correspond parfaitement au Lebensborn, "source de vie".

Cette page
compare la découverte du message "je remonterai à la source des rivières pourpres", écrit en lettres de sang sous le papier peint fraîchement posé dans l'appartement de la première victimein the House of the Timson King (c'est un brin plus grandiloquent dans le film), au message RACHE, écrit en lettres de sang dans l'appartement de la première victime de Une étude en rouge, à un endroit où le papier peint était décollé.
Avant que Holmes révèle que Rache signifie "vengeance" en allemand, la police pense au prénom Rachel. Rache-Rachel en lettres de sang, la vengeresse ou justicière (latin judex) Jude-Judith qui trace pareillement une inscription en lettres de sang pour prévenir ses futures victimes. Bel écho entre Une étude en rouge et Les rivières pourpres sachant que Rachel et Judith sont les deux reines rouges du jeu de cartes.

Mon dernier billet m'avait amené aux coïncidences Malik ("roi" arabe) et Ray (forme de "roi"), ce qui m'avait fait penser à l'énigmatique fin de Serial eater : la juge Belle porte un fils qui a 4 pères putatifs, dont le tueur qu'elle traquait qui l'a violée, et son amant de coeur, qui pilote une Sting Ray 66, lui intime de le baptiser Malik ou Melekh, "roi".
Ce tueur menait une entreprise désordonnée parce que celui qui l'y avait préparé s'était laissé séduire par Al-Qaida et était mort le 11 septembre dans le Boeing piloté par Atta. S'il n'est pas du tout assuré que ce pasteur Frantz Ullmann se trouvait dans le vol AA 11, il y avait au moins une personnalité à bord, la photographe Berry Berenson, veuve d'Anthony Perkins, alias Norma-Norman Bates, mais j'y reviendrai dans mon prochain billet.

A propos des personnalités multiples dont Perkins reste toujours 50 ans après l'interprète de référence, le thème corollaire est celui des personnes bien distinctes partageant une même identité, exploité notamment dans Les rivières pourpres où Judith a déjoué la traque dont elle était l'objet en vivant dans l'ombre de sa jumelle Fanny, partageant son identité.
J'avais ressenti un fort écho de Identity, où 11 personnes nées le même jour sont réunies dans un motel, avec ce qui aurait pu être le dernier Queen, Le mot de la fin (1958), où 12 personnes nées chacune sous l'un des signes du zodiaque sont rassemblées pour un étrange Noël. Une part de ces étrangetés consiste en de mystérieux cadeaux, faisant allusion à l'alphabet hébreu, par exemple une main pour la lettre yod, une autre est la présence d'un jumeau caché d'un des invités, partageant son identité.
C'est à peu près au même moment que le thème des personnalités multiples a été offert au grand public, avec The three faces of Eve (1957), puis Psychose (1960). Mes récentes investigations m'ont conduit à penser que Dannay (l'âme des Queen) était revenu à l'écriture, avec une histoire de personnalités multiples (L'adversaire, 1963), parce qu'il n'avait pu résister à la tentation d'utiliser à son tour ce nouveau thème, en résonance immédiate avec son dernier roman et d'autres oeuvres antérieures.

J'ai eu la curiosité de lire le dernier thriller de Grangé, La forêt des mânes (2009), avec encore beaucoup de mal à prendre l'intrigue au sérieux. J'y ai néanmoins encore trouvé beaucoup d'échos à mes préoccupations actuelles, mais le roman est trop récent pour que j'en dévoile les ressorts.
Il ne nuira cependant pas au suspense de savoir qu'un personnage s'y nomme Daniel Taïeb, or je suis fasciné par le fait que Tobie Nathan porte le même patronyme que Daniel Nathan, le nom sous lequel est né Frederic Dannay, alias Queen. Taïeb étant la forme arabe de Tobie ("bon"), que Nathan utilise d'ailleurs avec son double Nessim Taïeb héros de ses deux premiers romans, Daniel Taïeb constitue un lien inathandu entre les deux Nathan.

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